Michka Saäl

L’arbre qui dort rêve à ses racines

1992, documentaire, 80 minutes, français

Générique Critiques        La vie du film Secrets de tournage

 

Synopsis

Le portrait de deux femmes immigrées : l'une, la réalisatrice, juive originaire de Tunisie, et l'autre, arabe du Liban. Deux cultures qui se retrouvent dans un Québec encore sensible aux greffes de nouvelles racines et qui donnent l'occasion d'une réflexion plus globale sur l'immigration. Un film-essai qui emprunte un ton personnel et intime.

 

Version complète, grâce à l’ONF

Générique

Scénario et réalisation : Michka Saäl

 

Recherche : Nadine Ltaif et Michka Saäl

Image : Nathalie Moliavko-Visotsky

Enregistrement de son : Claude Hamel

Conception sonore : Francine Poirier

Montage : Fernand Bélanger

Musique originale : Jean Derome

Production : Office national du film du Canada

 

Avec Nadine Ltaif et Michka Saäl

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Critiques

 

Un nom à retenir

« La complexité de l’œuvre est réfléchie dans sa forme hétéroclite et la fluidité de sa structure discursive. Les scènes se suivent et ne se ressemblent pas : mise en situations documentaires et dialogues improvisés, mise en scène brechtienne et dialogues scénarisés, “têtes parlantes”, entrevues en tête-à-tête et échanges charnels, voix in, voix off, images du quotidien, films d'archives et flashs poétiques... : le tout formant une riche tapisserie. D’ailleurs le film ne donne pas l’impression d’avoir été monté, il semble avoir été tissé !

« Le discours de Michka Saäl débouche sur une enquête sociale qui n'a rien de scientifique ou de didactique, mais qui donne la parole à d'autres immigrantes qui vivent, pour la plupart, en harmonie les unes avec les autres malgré leurs cultures divergentes...Les réflexions de la réalisatrice, à la fois intimes et philosophiques, sont d'une intelligence et d'une finesse remarquables.

« Au sein de l'aplasie dont semble souffrir notre institution d'État, on se réjouit de voir fleurir un film aussi beau et excitant que L'arbre qui dort... Cet essai n'est pas le fruit de la vieille garde (est-ce surprenant ?), mais celui d'une jeune cinéaste, néocanadienne par surcroît, qui, mine de rien, vient de renouveler notre cinéma en réalisant le meilleur docu-drame que l'ONF ait produit depuis longtemps. Michka Saäl est un nom à retenir. »

Johanne Larue, Séquences, No 158

 

Fort, intelligent et émouvant

« ...une œuvre chaleureuse qui se laisse écouter comme un conte des Mille et une nuits made in Québec. Il fait bon sentir le vent du désert et les parfums du Moyen-Orient caresser notre cinéma national et investir notre tradition documentaire d'une voix nouvelle.

«  L’essentiel de ce film vient de tout ce qui n’est pas dit, expliqué ; ce qui passe entre les lignes, entre les plans, dans le visage de Nadine Ltaif qui éclaire le film de sa présence et dans l’art qu’a ici Michka Saäl (et sa directrice photo, Nathalie Moliavko-Visotzky) de choisir l’angle juste. C’est tout cela qui fait L'arbre qui dort... un film fort, intelligent et émouvant. »

Marie-Claude Loiselle, 24 Images, No. 60

Photo : Alain Chagnon

Photo : Alain Chagnon

Une douceur attachante

« Le film, d’une douceur attachante, ne bouleverse aucune de nos convictions mais porte au moins un éclairage différent sur le décor des relations interethniques traitées la plupart du temps sur le mode du conflit et avec un ethnocentrisme patent. »

Louise Blanchard, Le Journal de Montréal, 25 mars 1992

Les deux aventurières

« Le film est centré sur une amitié bien particulière vécue par deux femmes, Nadine, une poétesse d’origine arabe qui a dû fuir la guerre du Liban, et Michka elle-même, d’origine juive et ayant vu le jour en Tunisie. Nos deux aventurières, installés au Québec, depuis une décennie déjà, gardent bien vivante en elles la richesse de la civilisation orientale dont elles sont issues. Paradoxe nécessaire à leur survie, ce retour vers leurs racines n’est pas sans rappeler que le désaccord qui existe entre Juifs et Arabes s’est lui aussi infiltré et reflété dans leur enfance. Pourtant, la complicité de ces deux femmes va beaucoup plus loin que ce constat de mésentente raciale transposé dans la religion et la politique. »

Alain Côté, Images, Avril 1992

Photo : Alain Chagnon

Photo : Alain Chagnon

Un désarroi commun

« Michka et Nadine livrent, entre elles ainsi qu’à la caméra, leurs sentiments les plus profonds… Leur regards, leurs hésitations, leurs silences mêmes, en disent long, et plus encore que leurs paroles, sur leur désarroi commun. Mais rassurez-vous, L’arbre qui dort rêve à ses racines n’est ni aride ni triste. Bercé d’airs et de rythmes appartenant à des cultures trop peu familières, ce film est plutôt de nature à faire rêver. »

Huguette Roberge, La Presse, 22 mars 1992

Une superbe mosaïque sur le sentiment immigrant

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« L’arbre qui dort rêve à ses racines n’est pas plus une fiction qu’un documentaire. C’est un essai qui, tout en s’interrogeant sur la condition immigrante, rend compte d’une amitié entre deux femmes. On est tour à tour intéressé, séduit, très ému mais aussi un peu agacé. Car le troisième film de Michka Saäl, tout comme son premier Loin d’où, emprunte un ton tellement personnel qu’il devient presque gênant de pénétrer dans un univers si intime… Généreuse et entière, Michka Saäl avance sur ce terrain glissant avec le danger du narcissime qui guette ce type de film-confession. Il n’en demeure pas moins qu’elle réussit à dessiner une superbe mosaïque sur le sentiment immigrant. »

Bernard Boulad, Voir, 25 mars - 1 avril 1992

 

Un pari osé et parfaitement correct

« La réalisatrice se met elle-même en scènes dans son propre rôle : ce pari est à la fois osé et parfaitement correct : il garantit une sincérité plus grande et plus forte au propos tout en conservant une maîtrise de la forme. Face à la caméra et derrière, Michka Saäl réussit à nous faire partager sa difficile transplantation en terre québécoise. »

Cinébulles, Vol 11, No. 4

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La vie du film

2022

Centre Pompidou, Paris

2018

DOC-Cévennes, France

1992

Festival International du Film de Tunis

Festival de Jérusalem

Rendez‐vous du cinéma québécois

Télé Québec

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Secrets de tournage

Compte à rebours : Nathalie Moliavko-Visotsky, Anne-Claire Poirier, Nadine Ltaif, Michka Saäl. Photo: Alain Chagnon

Compte à rebours : Nathalie Moliavko-Visotsky, Anne-Claire Poirier, Nadine Ltaif, Michka Saäl. Photo: Alain Chagnon

Un certain état de rage

« J’ai requis son aide [Anne-Claire Poirier] parce qu’avec tout le travail de la réalisation, j’avais besoin de quelqu’un qui s’occuperait de moi, car j’étais un peu vidée. Anne-Claire m’aidait à me retrouver, à m’assurer que je n’étais pas trop raide. Elle me provoquait, pour me mettre dans un certain état de rage dans une scène en particulier. »

Propos recueillis par Denis Désjardins en 1995, et publié dans Séquences 310, septembre-octobre 2017.

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Je me mouille si tu te mouilles

Pour me convaincre de jouer dans le film, j’avais mis cette condition : Michka, je ne jouerai mon rôle que si tu joues le tien. Je me mouille si tu te mouilles. J’ai fini par entraîner toute ma famille et mes amis pour y tenir leur propre rôle.  Ma mère et son amie qui apparaissent dans la scène chez Nihal (une amie chère, joaillière, d’origine égyptienne), on les voit danser et taper dans les mains ; des amies d’université du cours de littérature, dont Hélène qui chante à un moment dans le film. Mon frère et mon nouvel ami québécois qui me laissent des messages vocaux. Michka m’avait dit “tu t’occupes de ta partie en faisant ta recherche comme un journal intime”, et elle s’occuperait de la sienne.

Nadine Ltaif, comédienne, chercheuse, 2018